Journée mondiale de l’environnement: La Franc-Maçonnerie contribue également à la prise de conscience des limites de notre société

L’idéal de progrès ne rime pas avec une croissance infinie

L’Homme, pour sa survie, a réussi à maîtriser des ressources naturelles et à repousser les limites de son monde connu. Rien ne semble arrêter ses découvertes et sa domination. Aussi conserve-t-il l’illusion séculaire que la planète est sans limite. Et pourtant nous vivons bien dans un monde fini, au sein d’une pellicule extrêmement fine enveloppant la surface de notre globe : la biosphère.

Depuis des dizaines d’années, scientifiques, écologistes, philosophes, ou simples citoyens, tentent de conscientiser la population et les décideurs sur les problématiques du changement climatique, sur les pollutions et sur la destruction de la biodiversité. Ils s’interrogent notamment sur notre modèle économique basé exclusivement sur la croissance qui détruit notre environnement et accroit les inégalités.

Face aux défis sociétaux et environnementaux de notre époque, la Franc-Maçonnerie se doit de définir une vision humaniste nouvelle et proposer une ligne directrice de comportements en adéquation avec ses valeurs : Liberté, Égalité et Fraternité.

Liberté

Notre empreinte écologique est telle qu’il nous faut aujourd’hui plus qu’une Terre pour satisfaire notre soif de consommation et qu’il faudra probablement 9,5 Terres à la fin du siècle. Devenir un consommateur éthique ne fait-il pas partie intégrante de l’éthique maçonnique au sens le plus large, dans la mesure où elle renvoie aux devoirs que les Francs-Maçons ont envers eux-mêmes et envers les autres, même s’ils ne sont pas dictés par des lois. Elle renvoie chaque Franc-Maçon à ses propres choix à partir de sa propre conscience. Que deviendra notre liberté personnelle si nous acceptons, comme il est indispensable de le faire, de nous imposer des limites compatibles avec le respect des équilibres écologiques ?

Égalité

Comment nous, occidentaux, à l’origine de ce modèle de consommation et de production, pourrons-nous imposer aux pays émergents de ne pas poursuivre une croissance économique faisant fi des questions environnementales ? De notre côté, accepterons-nous une adaptation substantielle de notre mode de vie afin de permettre à d’autres peuples d’accéder à leurs légitimes aspirations de bien-vivre ?

Fraternité

Revoir les modes de production et de consommation des ressources, limitées et même décroissantes, est certes indispensable. Il faudra cependant le faire à la lumière des inégalités sociales et développer les relations d’entraide entre les peuples et les groupes sociaux.

Envisager le chemin de la transition

  • Conscientisation
  • de notre totale dépendance à la Nature ;
  • des limites de notre monde dans lequel une croissance infinie est illusoire ;
  • de l’importance de la biodiversité et des écosystèmes ;
  • du réchauffement global causé par l’activité humaine ;

En tant que Franc-Maçon, ne faudrait-il pas :

  • rejeter l’idée que la survie individuelle n’est envisageable que pour les plus aptes d’entre nous ;
  • renforcer l’économie sociale, solidaire et circulaire face à la « société de marché » responsable entre-autre de l’individualisme et de l’égoïsme ;
  • permettre de révéler les relations d’entraide et de fraternité entre les acteurs afin d’assurer la survie de nos sociétés ;
  • Responsabilisation
  • Ensuite, en ayant le courage de défendre des positions s’opposant au consensus général, en adoptant une vision systémique des phénomènes. Cessons de simplifier le Monde de manière à faciliter notre compréhension ou notre confort intellectuel. Il y a énormément de travail à réaliser : nous devrions, en fait, revoir notre définition du Progrès. Les systèmes économiques ne se réformeront pas spontanément.
  • Actions : les Francs-Maçons doivent aussi être le moteur

En tant que citoyens, électeurs ou décideurs, nos choix collectifs et individuels devraient surtout intégrer et anticiper les défis globaux à long terme, alors que ces décisions n’ont trop souvent en ligne de mire que l’horizon à court terme des élections ou de la rentabilité financière. Les décideurs doivent veiller à ce que l’État intègre mieux dans ses politiques toutes les questions environnementales et impose la prise en compte des coûts sociaux et environnementaux dans les produits et services proposés par le Marché afin de garantir plus d’équité, de justice et de durabilité.

L’urgence exige de l’ensemble des décideurs (politiques, économiques, monde associatif…) un nouveau modèle de gouvernance incluant des règles adaptées aux défis sociaux et environnementaux.

En tant que « consomm’acteur » chaque citoyen, s’il est sensibilisé et informé de manière transparente, pourra adopter des comportements plus durables, acheter des biens et services respectueux des Hommes et des écosystèmes, et ainsi influencer les modes de production.

Le temps de la transition

Enclencher cette transition écologique et sociétale doit vaincre de nombreuses résistances. L’humanité, pourra-t-elle comprendre à temps qu’elle fait partie de la Nature, et ne plus vivre en opposition avec elle ? Changer les sensibilités et les comportements prend du temps. Or, à écouter les constats dressés par les scientifiques, il est urgent d’agir. Les bienfaits de l’éducation se marquent après plusieurs années, voire des décennies plus tard. De nouvelles valeurs et nouveaux comportements doivent être adoptés par tous sans délais. 

Ne nous voilons pas la face: si le paradigme économique et nos actes ne changent pas très vite, l’effondrement de la société est inéluctable. Avons-nous besoin de catastrophes pour déclencher une prise de conscience des limites de la planète et transformer nos modes de vie ?

Dès aujourd’hui, engageons-nous : les initiatives individuelles pour tenter de réformer le monde ne sont pas vaines. Elles développent la fraternité et l’entraide qui ont une double vertu : celle de créer l’espoir, d’éviter la catastrophe, et celle d’accroître nos chances de survie.

Pour les Francs-Maçons, le Temple de l’Humanité ne se construit pas au milieu de nulle part mais dans un héritage environnemental qu’ils se doivent de respecter.

Face aux menaces et aux défis, le déni et le découragement ne sont pas une option : l’action, si !

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