La Franc-Maçonnerie en Roumanie

La Franc Maçonnerie roumaine est une des plus vieilles d’Europe (1). Durant les années fascistes et les années communistes toutes les Obédiences ont dû se mettre en sommeil voire s’exiler. 

Depuis la fin du régime de Ceausescu, en décembre 1989, les divers courants maçonniques tentent de se reconstituer. Avec des difficultés et des bonheurs variés.
Parmi ces Obédiences en re-création : le Grand Orient de Roumanie.

Quelques mois après la chute du régime de Ceausescu, en 1989, des Frères principalement français et belges s’engagent aux côtés des frères roumains revenus au pays, à reconstruire une Obédience libérale et adogmatique en Roumanie sur le modèle « Grand Orient ».

Il faut dire que le temps presse, car, durant la période communiste et ce dès 1948, alors que les Loges sont fermées pour « pour permettre à leurs membres de remplir leurs obligations dans le cadre des associations ouvrières de travail d’utilité publique » (sic  – cité par Horia Nestorescu Balcesti). . et que s’abat, en 1950, une effroyable répression sur les maçons Roumains (arrestations, tortures et condamnations), des FF .°. Roumains exilés décident de poursuivre le travail allant jusqu’à recréer la Grande Loge nationale de Roumanie à Paris. Il était donc important que se développe -parallèlement à la recréation de la Grande Loge en Roumanie- un Grand Orient comme c’était le cas avant la période fasciste (2).

Le mouvement de recréation du Grand Orient de Roumanie ne se fera toutefois pas rapidement.

Les premières réunions se feront soit sous forme de Triangle comme à Bucarest soit sous forme de Loges de recherche qui réunissaient des Frères d’Orients différents comme à Timisoara. C’est seulement après les délais nécessaires et confirmation du bon fonctionnement de ces associations que Triangles et Loges de recherche se transformeront en Ateliers avec le plus souvent transfert des feux de l’Atelier français qui « pilotait » la structure extérieure. C’est ainsi que se créera en 1990 Humanitas dont les feux seront allumés en juin 1991 sous le chiffre distinctif 6011 du Grand Orient de France. Que l’Atelier Les Hommes libres (Oameni liberi) se créera à Timisoara avec allumage des feux en décembre 1994 sous le titre distinctif 6015. Et que, entretemps, afin de proposer un choix libre de rite les feux de la loge Les Sages d’Heliopolis (nom d’une ancienne et fameuse Loge du Grand Orient de Roumanie qui avait, avant-guerre, notamment participé à la création de l’Ecole des Beaux-Arts de Bucarest) au rite écossais sont rallumés à Bucarest au mois de janvier 1993.

La vie de ces Ateliers est loin d’être simple tant la vie dans la Roumanie libérée du régime du dictateur est compliquée : il manque de tout, les déplacements sont difficiles, l’argent manque et nombreux sont ceux qui doivent donner priorité au primus vivere et qui abandonnent donc le chemin de ces fragiles rassemblements.

Durant cette période, les solidarités internationales sont importantes. Elles seront, bien avant que les Obédiences se mettent en mouvement, l’œuvre de Maçons et de Maçonnes convaincus de l’importance de faire revivre la Franc Maçonnerie libérale en Roumanie. A côté des Frères (du G .°. O .°. de France principalement) et des Sœurs françaises, il faut rappeler le rôle important tenu par des Frères et Sœurs belges du Droit Humain, de la Grande Loge Féminine de Belgique et du Grand Orient de Belgique (principalement des Frères de Bruxelles, Huy, Genappe et Bruges). Parmi les apports de ces maçons engagés citons, outre un soutien logistique important (dont de nombreuses médailles de solidarité), de nombreux déplacements en Roumanie à l’occasion des initiations ou à l’occasion de tenues spéciales d’accueil et d’instruction des nouveaux initiés Roumains. Aujourd’hui encore nombreux sont les Maçons roumains qui se souviennent avec émotion de ces moments de rencontre et de vraie fraternité où dans la plus grande discrétion des Frères et Sœurs de France et de Belgique venaient apportés avec générosité énergie, gîte, déplacements, logistique et finances.

C’est aussi durant cette période c’est-à-dire de 1994 à 2005 que se tinrent, à Timisoara, 5 rencontres maçonniques internationales d’été qui réunissaient des Frères et Sœurs (DH) roumains avec de cinquante à quatre-vingt frère et sœurs de différents Orients d France et de Belgique venus le plus souvent en car. Des rencontres fraternelles qui étaient aussi l’occasion à l’aide financière. C’est d’ailleurs ainsi que fut collecté plus de 50% des moyens nécessaires à l’achat du Temple de Temple de Timisoara.

Il est donc bien certain que comme l’affirme Mircea Deaca, actuel Grand Maître du Grand Orient de Roumanie – MOAR, même si dans la suite les structures des Obédiences, celle du Grand Orient de France principalement, décideront d’intervenir notamment financièrement (allant jusqu’à, en 1997, donner les moyens pour acheter un Temple dans la banlieue de Bucarest), « la reconstruction de la maçonnerie libérale roumaine résulte de l’effort conjugué de frères et de sœurs de France et de Belgique sans aucune initiative de la part des structures administratives des Obédiences d’où venaient ses frères et sœurs. L’intervention des Obédiences est toujours venues après ». « A mon avis, poursuit M. Deaca, la maçonnerie roumaine du MOAR est née en 1990 et pendant 15 ans elle a vécu grâce à l’effort continu et enthousiaste des Frères et Sœurs de France et de Belgique qui jamais n’ont reçu quelque récompense. Nombreux sont les noms de ces maçons que l’histoire ne retiendra pas, mais qui sont les vrais partenaires de notre renouveau. Plusieurs sont déjà passés à l’Orient éternel. Tous les maçons roumains qui les ont connus gardent au plus profond de leur cœur leur nom et leur doux visage. Oui, la maçonnerie roumaine du MOAR est née de l’amalgame des maçons français, belges et roumains qui ont travaillé sans répit à partir de 1990. Les dates des installations, des allumages ou réallumages, n’ont d’autre signification que d’être des points d’arrivée et de relance. C’est avant, lorsqu’il fallait monter la charpente et les murs du Temple, sans jamais se poser la question de : « cela va finir quand ? », que la maçonnerie libérale roumaine a été reconstruite ».

Quoiqu’il en soit, après 15 ans, existeront 6 Ateliers (R .°. L .°. « La Cité de la liberté » Or .°. Abrud – Campeni, R .°. L .°. « Lumina Libertatii » Or .°. de Brasov, R .°. L .°. « Humanitas » Or .°. de Bucarest (loge qui travaille en français), « Les Sages d’Héliopolis » Or .°. de Bucarest, R .°. L .°. « Bethlen Gabor » Or .°. de Targu Mures (loge qui travaille en hongrois), R .°. L .°. « Oameni Liberi » Or .°. de Timisoara),  et 2 Triangles dont un à Brasov et l’autre à Deva-Cluj, qui décidèrent de créer ou plus exactement de réallumer en se fédérant les feux du Grand Orient de Roumanie (MOAR en roumain).

Cette cérémonie se déroula le 1ier juillet 2005 en présence d’une dizaine d’Obédiences étrangères dont en premier lieu le Grand Orient de France qui en tant qu’Obédience où étaient affiliés les Ateliers qui se fédéraient, présidait la cérémonie.

A ce moment l’Obédience rassemblait 186 frères, chiffre extrêmement modeste face aux plusieurs milliers de Maçons des Grandes Loges (les chiffres que nous avons situent le nombre de Maçons des Grandes Loges entre 5 et 10.000 frères) (3).

Mais revenons au Grand Orient de Roumanie. Deux ans plus tard, comment a-t-il évolué et quels problèmes rencontrent-ils ?

Sur le papier, l’évolution du GODR – MOAR est encourageante :  l’Obédience compte 9 loges (en plus des 6 Loges qui fédérées ont redonné naissance au GODR, 3 nouvelles Loges ont été créées : « Justice et Fraternité » à Brasov, « L’Etoile du Zarand » à Brad-Deva et « La Concorde Transylvane » a Cluj et deux triangles « Apolodor de Damasc » à Bucarest et un à Arad) et surtout les structures nécessaires au fonctionnement démocratique de l’Obédience. Il faut dire que la situation géographique de la Roumanie (vaste pays sous-équipé au niveau des infrastructures routières et ferroviaires) rend particulièrement difficile l’organisation, du Conseil de l’Ordre par exemple (il n’est pas rare qu’un frère devant se rendre à une réunion à caractère national à Bucarest voyage toute une nuit pour deux / trois heures de réunion avant de reprendre, pour une nouvelle nuit de voyage, le chemin de retour). De même, en 2006, l’Obédience a organisé son premier Convent qui a rassemblé les représentants de tous les Ateliers en présence de plus de 10 délégations internationales (dont celle du Grand Orient de Belgique).

Mais, comme tout jeune Obédience, le Grand Orient de Roumanie est confronté à de nombreux problèmes.

Le principal d’entre eux concerne le recrutement : le nombre de frères membres du Grand Orient de Roumanie n’évolue guère. Les initiations de nouveaux frères étant malheureusement « compensées » par de nombreux départs et mises en sommeil. Les raisons de cette stagnation sont certainement diverses. Citons : la difficulté de diffuser une information correcte et objective sur les diverses Obédiences susceptibles d’attirer les candidats. Il faut dire aussi que, après des décennies où l’antimaçonnique dominait, la Maçonnerie peut encore susciter scepticisme, ironie, méfiance, crainte … Les medias se font souvent relais de ce scepticisme, mais aussi – et c’est plus grave ! – des luttes inter- obédientielles entre les Grandes Loges développant une image affairiste et négative. Les tentatives de communication du GODR-MOAR, aussi pertinentes ont-elles été, ne peuvent contrer cette impression générale ni le malaise de ceux qui pourraient être attirés par un courant comme le GODR-MOAR face à l’éclatement des Obédiences. Dans ce contexte, la moindre maladresse est susceptible d’être exagérément grossie et les extrapolations abusives vont alors bon train.

C’est très certainement dans l’objectif de rassemblement que le GODR – MOAR a décidé, lors de son Convent de 2006, le premier depuis le réallumage des ses feux, de transformer l’Obédience traditionnellement masculine en une Obédience mixte de Loges, c’est-à-dire une Obédience qui rassemblera, dans la liberté absolue des Ateliers, des Loges masculines, des Loges mixtes et des Loges féminines (4).

Concrètement est aujourd’hui en création à Bucarest une première Loge mixte du GODR-MOAR qui, c’est le souhait de Conseil de l’Ordre de l’Obédience, pourrait donner le signal à d’autres initiatives notamment dans les provinces. Par cette décision il est évident que le GODR – MOAR se démarque des Grandes Loges et affirme sa spécificité (l’information communiquée par le GODR-MOAR après le Convent a d’ailleurs été largement diffusée par les médias).

Une autre difficulté du GODR-MOAR concerne son relatif isolement dans le contexte international. Des projets de Traité sont en cours (le premier sera signé avec le Grand Orient de France en juin 2007). Toujours dans ce contexte, l’invitation conjointement adressée par le GODR-MOAR et le Grand Orient de Hongrie de tenir une réunion des Grands Orients d’Europe Centrale et Orientale afin de créer une coordination régionale capable, malgré les faiblesses de ces jeunes Obédiences, de traiter en commun un certain nombre de difficultés mérite d’être soulignée (5). L’an prochain la seconde réunion de cette coordination se tiendra à Bucarest.

Ces initiatives suffiront-elles ?

L’Europe orientale, la Roumanie en particulier, se transforme vite. Les repères dans la société roumaine sont de plus en plus flous ce qui profite d’une part au populisme des politiques et au renouveau des églises orthodoxes d’abord, mais aussi évangéliques.

Quelle place le Grand Orient de Roumanie pourra-t-il tenir dans ce contexte ? Sera-t-il capable de définit un projet commun et rassembleur ?

Son avenir, nous l’avons dit, est encore fragile et les années qui viennent seront décisives.

DS

 

(1)
La majorité des historiens font remonter l’apparition de la Franc-maçonnerie en Roumanie au milieu du XVIIIe siècle.
Prenant en compte l’espace géographique roumain contemporain, il est évident que l’apparition de la Franc-maçonnerie se fera selon plusieurs entrées en fonction de la partie du territoire considéré. En Moldavie, d’abord à Galiata puis à Iasi, les premières Loges maçonniques auraient été fondées en 1734 par un Italien, Anton Maria del Chiaro. En Transylvanie, région qui fait partie de la Hongrie jusque 1918, la première Loge aurait été installée, à Brassov-Kronstadt, en 1749.  Il est aussi probable que diverses troupes –comme les troupes autrichiennes qui comptaient de nombreux maçons- aient aussi importés des loges militaires au fil de leurs campagnes.
On ne peut non plus passer sous silence le rôle de Joseph II, à la fois monarque éclairé et dictateur, qui réorganisera la Maçonnerie. Il imposa la création de la Landesloge von Osterreich constituée de 7 grandes loges provinciales dont la « grande loge provinciale de Transylvanie ».
Dans le reste de la Roumanie actuelle et ce dès la deuxième moitié du XIXième siècle la Franc-maçonnerie est introduite par différentes sources : des diplomates français et anglais d’une part, mais aussi l’entourage du nouveau Chef d’Etat venu d’Allemagne, le roi Carol 1er (Hohenzolern). Les premières Loges dans cette partie de la Roumanie remonteraient donc entre 1850 et 1870.
Pour de nombreux auteurs, c’est la fondation de la Loge « L’étoile du Danube », en 1856, qui peut être considérée comme véritable point de départ de la Franc-maçonnerie en Roumanie.
La Franc-maçonnerie roumaine connaît un grand développement à partir des années 1860-70. La plupart des Loges étant essentiellement du Grand Orient de France et du Grand Orient d’Italie. De nombreux aristocrates, tels les princes Cuza, Sturdza ou Bratianu et hommes politiques – dont Mihail Kogalniceanu qui sera Premier ministre du Prince Alexandre Ion Cuza de 1862 à 1864 et qui jeta les bases d’un Etat roumain moderne, avec notamment l’instruction publique, l’affranchissement des Tziganes-. C’est dire que vu le rôle important tenu par les Maçons Roumains au XIXème siècle, nombreux sont encore les Roumains qui aujourd’hui encore associent positivement la Franc Maçonnerie avec une des plus belles pages de l’histoire roumaine.

(2)
En 1879, première tentative de créer le Grand Orient de Roumanie, mais vu ses débuts tumultueux plusieurs auteurs donnent comme date réelle de la création du G .°. O .°. de Roumanie l’année 1925 moment où il se développe réellement. C’est toutefois cette date de 1879 qui est retenue actuellement par le GODR.
En 1934, la Grande Loge nationale de Roumanie se scinde en deux Obédiences, celle de Jean Pangal et celle de l’écrivain roumain Milhail Sadoveanu. Une fédération de cette dernière avec le Grand Orient de Roumanie donne naissance à la Franc-maçonnerie roumaine unie. En réalité au centre des discussions se trouvait notamment la question d’une maçonnerie nationale souveraine, la Grande Loge nationale de Roumanie, et d’une Obédience considérée comme « étrangère », le Grand Orient. Il faut dire que très tôt des interventions et des textes antimaçonniques sont publiés. En 1929 un groupe d’étudiants nationalistes saccagèrent les locaux du Grand Orient de Roumanie à Bucarest et lance la voie à une campagne de presse antimaçonnique sans précédent.
En 1937 est décidé la dissolution des Loges en 1937 sans que cette cessation d’activités n’arrête la propagande antimaçonnique.
Quant à savoir si la Franc-maçonnerie roumaine d’avant-guerre fut efficace, les avis divergent. Paul Morand dans son livre sur Bucarest écrit « Les Franc-maçons ? Moins actifs ici, qu’ailleurs dans la Petite-Entente. La Loge Unirea, fondée en 1907, a repris un peu, après la guerre. Au Phare hospitalier de Braïla, aux Disciples de Pythagore à Galati, il y a toujours eu moins de Roumains que de Saloniciens et de Levantins ». Mais d’autres sources décrivent l’importance du rôle des Ateliers maçonniques dans la vie de la cité. Ainsi, André Combes, directeur de l’Institut d’Etude et de Recherche Maçonniques déclare (in Encyclopédie de la Franc’Maçonnerie, Le Livre de Poche, 2000) : « Bénéficiant d’un recrutement relativement aisé, les Loges du G .°. O .°. de France ouvrent des écoles. Ainsi, à Bucarest, dans les années 1880, la Loge Les Sages d’Héliopolis (Loge fondée en 1863) fonde une bibliothèque, une école des arts et métiers, donne des conférences scientifiques, publie une revue grâce aux dons et aux revenus de représentations théâtrales. En une seule année, elle assure des consultations gratuites et remet 456 livres à des enfants d’écoles publiques ou privées ».

(3)
Notre expression « des Grandes Loges » se justifie vu les nombreuses scissions enregistrées : aujourd’hui, on dénombre 6 Grandes Loges comptant pour la plus importante plusieurs milliers de FF .°. et pour la plus modeste quelques dizaines. Quant aux différences sur le fond et la forme entre ces Grandes Loges, elles semblent plutôt minces avec toutefois l’envie pour certaines d’entre elles de se faire reconnaître par les Obédiences anglo-saxonnes (c’est le cas de la Marea Loja Nationala din Romania Reconnue par …… Washington) et pour d’autres la volonté de se rapprocher des Obédiences adogmatiques (comme la Marea Loja Nationala a Romaniei qui a invité à son dernier Convent les Obédiences libérales comme le Grand Orient de Roumanie et le Grand Orient de Belgique).

(4)
Signalons pour compléter notre « tour d’horizon » du Paysage maçonnique roumain l’existence de 3 At .°. ; du Droit Humain (At .°. ; qui reçoivent une aide très appréciable de Maçons du Droit Humain de Belgique) et de plusieurs initiatives de la Grande Loge Féminine de France et de la Grande Loge Féminine de Suisse.

(5)
Cette réunion s’est tenue à Budapest les 21 et 22 avril 2007. Elle a réuni, outre le Grand Orient de Roumanie et le Grand Orient de Hongrie, les Grands Orients de Pologne, de Serbie et de Slovaquie. Les Grands Orients de France et de Belgique assistaient à la rencontre à l’issue de laquelle une déclaration a été signée qui, outre l’affirmation de vouloir « dépasser les conflits historiques qui divisent la région » et de « résister aux nationalismes et au populisme », constatant « le besoin d’une coopération active et régulière », ont décidé de créer une association qui « aura pour objectif l’échange régulier d’informations, la création de forums communs, de prises de position sur des sujets intéressant la société civile ainsi que les ordres maçonniques extérieures à la région ».